Quel est l'effet de chimiothérapie sur la fertilité et le cycle menstruel ?

10 % des femmes atteintes de cancer du sein ont moins de 40 ans, cependant, beaucoup souhaitent encore avoir des enfants. Il y a des méthodes avec lesquelles malgré la chimiothérapie, la fonction des ovaires peut être préservée

Les  traitements du cancer du sein peuvent perturber le cycle menstruel de la femme. Ces répercussions sont souvent réversibles, mais pas toutes.

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Pratiquement toutes chimiothérapies sont toxiques pour les ovaires. La radiothérapie pour un cancer du sein n’a aucune incidence sur la fertilité.

 Quelle est l’action du traitement sur les ovaires?

Elle peut être toxique. et cela a donc une influence considérable sur les deux rôles des ovaires :

  • assurer la maturation des ovules, dont le stock représente la "réserve ovarienne" et détermine la fertilité de la femme ;

  • synthétiser des hormones sexuelles qui régissent, entre autres, le cycle menstruel (= les règles).

Le stock des ovocytes n'est pas renouvelable et diminue au cours des années. Chaque cycle menstruel entraîne la maturation d’ovules, dont un seul atteint généralement un stade de maturité complète : il peut alors être éventuellement fécondé par un spermatozoïde et donner un embryon .

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La fonction ovarienne diminue naturellement avec l’âge et la ménopause survient lorsque ce stock descend au-dessous d’un certain seuil.

Or, les effets de la chimiothérapie sur les ovaires sont variables selon la dose et du type de traitement reçu . 

Ces effets varient en fonction de chaque femme, mais surtout en fonction de l’âge auquel le traitement est reçu. Plus les femmes sont âgées, plus la chimiothérapie comporte un risque d'arrêter leurs ovaires dans dommage et fonction ovarienne de manière définitive . Si la chimiothérapie peut accélérer le processus de diminution de la réserve ovarienne, l’évaluation de cette perte est difficile à quantifier et surtout à prévoir

La toxicité ovarienne résultant de la chimiothérapie peut être réduite en diminuant la fonction ovarienne au cours de la période de traitement.Il y a des méthodes avec lesquelles malgré la chimiothérapie, la fonction des ovaires peut être obtenue.

Une injection de dépôt de certaines hormones inhibitrices  ( GnRH) peut mettre les femmes en ménopause transitoire. Ce traitement peut commencer au moins 2 semaines avant la chimiothérapie.La fonction des ovaires est ainsi protégée des dommages par la chimiothérapie.

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Il n’existe aucune preuve à ce jour que le co-traitement par un agoniste de la GnRH améliore le taux de grossesse spontanée après une chimiothérapie.

Pendant la chimiothérapie, certains signes peuvent apparaître :

  • Les cycles peuvent devenir irréguliers voire s’arrêter:

    l’aménorrhée peut être réversible. La ménopause, dépendant de l’âge peut être irréversible.

  • Des symptômes en rapport avec la diminution du taux d’hormones sexuelles imitant une ménopause: bouffées de chaleur, sécheresse vaginale. Cet arrêt du cycle peut être transitoire ou définitif.

  • L’âge est un déterminant essentiel du risque de ne plus avoir de retour de règles.

  • Ainsi, une patiente de plus de 40 ans a plus de 50 % de risque d’aménorrhée définitive.

  • Au contraire, pour les femmes plus jeunes, le risque de perturbation du cycle menstruel est moindre et si les cycles s’arrêtent pendant le traitement, ils reviennent dans plus de 80% des cas.

Ces troubles du cycle peuvent donc être réversibles mais dans un délai variable après cessation de la chimiothérapie, dépendant de l’âge, du type de chimiothérapie….

Il n’est pas exceptionnel d’observer une récupération ovarienne dans les mois ou les années qui suivent la fin de la chimiothérapie. Chez les patientes qui retrouvent des cycles, il est difficile de prévoir ce moment et les cycles peuvent parfois mettre plus d’un an à revenir ! La reprise de l’activité ovarienne est difficile à prédire, tout comme la reprise d’une ovulation efficace , ainsi que la fertilité.

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C’est pourquoi il est important…

  • Face à la toxicité ovarienne de la chimiothérapie : de discuter systématiquement de techniques de préservation de la fertilité avec le jeune patient ayant un désir de grossesse future, et ce, avant l'entreprise de la chimiothérapie.

  • De maintenir une contraception efficace lors du traitement et à distance du traitement afin de pouvoir choisir le moment le plus adéquat pour une éventuelle grossesse. Cette contraception est indispensable même si les cycles ont disparu de manière transitoire.Les contraceptions hormonales sont contre-indiquées après un diagnostic de cancer de sein (la prise d’hormones au long court pourrait en effet stimuler la croissance du cancer) : une contraception mécanique (préservatif) ou par stérilet au cuivre est recommandée.

  • Par contre les données les plus récentes quant aux grossesses survenant après traitement d'un cancer du sein démontrent que celles-ci n'entraînent pas une augmentation du risque de rechute de la maladie.